Jules
Dupuit, Ingénieur et Économiste
Robert B. Ekelund, Jr.
Auburn University
et
Robert F. Hébert
Université de Louisiane à Lafayette
Conférence publique à l’Université de Montréal
24 Mars 2000
Nous sommes réunis à cette inauguration de l’Agora
Dupuit afin de discuter de l’impact intellectuel d’un français du 19e
siècle qui, malgré sa formation d’ingénieur, s’est tourné vers l’économie. Il devint un important économiste et
pionnier pour la découverte scientifique.
Peu d’historiens économistes avaient porté une attention particulière à
Dupuit, ou à la façon dont ses idées
ont contribué au perfectionnement de l’économie contemporaine. C’est donc pour cette raison que nous allons
brièvement souligner, dans ce discours, les réalisations de Dupuit en économie,
à la façon dont nous les avons connues et comprises lors de l’étude son
héritage intellectuel.
Jules Dupuit
était un polytechnicien à une époque où l’on admirait les réalisations
techniques des hommes. Il naquit le 18
mai 1804 à Fossano, en Italie, période durant laquelle cette région était sous
l’emprise de Napoleon Bonaparte. Il
mourut à Paris le 5 septembre 1866. À
l’âge de 10 ans, Dupuit retourna en France, où il poursuivit ses études
secondaires à Versailles, aux lycées Louis-le-Grand et Saint-Louis. Il termina ses études de façon remarquable
puisqu’il remporta un prix en physique contre une forte compétition de la part
de ses collègues de classe. Diplômé du
collège, Dupuit fut ensuite accepté, suite à un examen d’admission, à la
prestigieuse École Polytechnique qui est l’école de formation pour les
ingénieurs français dans le service public.
En 1824, Dupuit entre à l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées, une
école post-universitaire pour les ingénieurs d’État, de laquelle il sort,
quelques années plus tard, ingénieur novice.
Il se distingue rapidement dans sa nouvelle carrière. En 1827, il est chargé d’un district
d’ingénierie dans le département de la Sarthe, où il fait des travaux sur les
routes et les voies navigables. Il se
marie en 1829, et grimpe au rang d’ingénieur de première classe en 1836.
Durant
sa carrière, Dupuit se préoccupe d’importants problèmes de génie civil. Il organise des expériences innovatrices sur
la détérioration des chaussées, écrivant des livres sur ce sujet et un article
qui lui mérite un prix dans les années 1830.
Grâce à ses réalisations techniques, Dupuit est élu à la Légion
d’honneur en 1843. Peu de temps après,
il concentre ses énergies sur les problèmes d’eau, en raison des sérieuses et
fréquentes inondations dans la Vallée de Loire. Ses études sont rassemblées dans un livre intitulé, Études
théoriques et pratiques sur le mouvement des eaux courantes (1848, révisé
en 1863). En 1850, Dupuit est appelé à
Paris où il est nommé directeur et ingénieur en chef. Il est mit en charge de la distribution des eaux en milieu urbain
et il supervise la construction des égouts.
En décembre 1855, Dupuit est nommé inspecteur général du génie
civil. Il sert pendant onze ans
(1855-1866) au Conseil Général, dont il fut l’un des membres les plus illustres
et respectés.
Au dire de tout le monde, la
carrière d’ingénieur de Dupuit est accomplie et remarquable tout comme sa
carrière d’économiste. Autodidacte dans
ce deuxième domaine, il avait un don pour cette matière. Il comprenait parfaitement la nature des
marchés et ce qui incitait les gens à s’y intéresser. On put dénoter cette aptitude dans une série de brillants
articles dès 1844. Malheureusement, il
ne compléta jamais le livre qu’il projetait écrire et qu’il avait mentionné
dans son premier article portant sur l’économie. Il l’avait intitulé, à titre d’essai, Économie politique
appliquée aux travaux publics. À
l’exception de son brillant plaidoyer pour le libre échange (Commercial
Freedom, 1861), la réputation de Dupuit en tant qu’économiste repose sur de
nombreuses contributions à des revues, principalement les Annales des ponts
et chaussées, et le Journal des
économistes. Désirant évaluer les
bénéfices économiques nets de la provision de services publics, Dupuit applique
ses grandes capacités analytiques à l’élaboration, dans la cadre de la théorie
de l’utilité, des fondements de la demande et des rapports entre l’utilité et
la mesure du bien-être associé aux travaux publics. Afin d’approfondir la nature révolutionnaire de ses contributions,
nous les avons divisées en deux catégories, sa contribution à la théorie de
l’économie et sa théorie de la politique économiste.
Bien que l’on ait reconnu la contribution de Dupuit à
l’économie qu’après bon nombre d’années, ses développements théoriques de base
sont assez bien connus. Depuis
plusieurs siècles, des économistes ont associé, bien que vaguement, les
satisfactions individuelles et le bien-être général au concept de
“l’utilité”. Dupuit fut toutefois le premier
écrivain (1844) à développer la maximisation de l’utilité au centre de
l’économie et de concevoir un schéma de calcul réglé pour des évaluations marginales. La base du principe de Dupuit était
parfaitement mise au point pour inclure tout comportement maximisé. Une demande de tout genre – pommes de terre,
traverses de chemin de fer, billets de théâtre, et même des honneurs (p. ex.
une médaille de la Légion d’honneur) – utilité présupposée.[1] Il aimait déclarer catégoriquement “qu’il
n’y a pas d’utilité autre que celle pour laquelle les gens sont prêts à payer”
(1844: 39). Ce principe s’appliquait
aussi bien au comportement “ social ” qu’au comportement
“ économique ”. Dans un
argument qui serait aujourd’hui décrit comme “ Beckerien ”, Dupuit
explique des marchés implicites pour de nombreux “ biens sociaux ”
tels que le mariage : "[Ce n’est pas toute la richesse qui a] une
valeur d’échange susceptible à l’analyse de marché, mais elle a toute son
utilité. Étant donné que l’utilité est
susceptible à une mesure commune, les principes généraux de science
s’appliqueraient à [tous ces besoins]…
Dans certains cas, la beauté, la jeunesse, l’intelligence, les bonnes
manières d’une femme remplacent une dot; dans d’autres cas, une bonne dot
compense pour les lacunes de cette femme ” (Dupuit 1853: 13-14).
Dupuit
s’est servi de la théorie d’utilité marginale pour appliquer la théorie
générale de la demande du consommateur (1844; 1849a and 1849b), qu’il a développé en termes verbaux,
graphiques, et symboliques. À partir de
ce fondement, il a établi une théorie de l’offre, fondée sur les coûts de
production et sur l’allocation optimale des ressources, interprétée dans le
contexte de coût d’opportunité de l’utilisation de ressource (1844:
104-105). En associant ces deux
concepts identiques de l’offre et la demande, il fut en mesure de mettre au
point la théorie moderne des marchés (1861: 447; 134-135).[2] Ces notions fondamentales, qui constitueront
plus tard la version “ micro-économie néoclassique ”, servirent de base
pour de nombreuses et importantes découvertes.
Ces dernières comprennent les implications d’efficacité et de bien-être
de la théorie du monopole fixe; les théories de différenciation des prix, prix
au coût marginal, taxe d’accises et l’économie spatiale; et les effets sur le
prix d’affectation concurrentiel.
Toutes ces contributions ont été prônées à un moment ou un autre dans le
passé, mais plusieurs aspects critiques de la recherche de Dupuit sont demeurés
dans l’ombre.
Dupuit a insisté pour que
l’économie, une discipline qui émergeait à peine de son cocon philosophique,
emploie des méthodes scientifiques.
Intransigeant lors de ses réprimandes, il s’est mis à dos plusieurs membres
libéraux de la Société d'économie politique, une organisation dont laquelle il
faisait partie.[3] Il abordait sans aucun doute le phénomène
économique de l’offre et la demande dans le but de la découverte
scientifique. Il comprenait que la
statique comparative permettait une méthode universelle d’étude du comportement
de marchés particuliers et que désormais, en tant que méthode d’analyse, elle
constituait un point de départ pour l’enquête économique. Une enquête minutieuse exigeait une analyse
empirique attentive de chacun des marchés et l’emploi d’une méthode qu’Alfred
Marshall nommera plus tard ceteris paribus—l’action d’écarter une
hypothèse restrictive ou un paramètre à la fois, et de décrire les ajustements
résultant d’un nouvel équilibre du marché.
Particulièrement avant-gardiste, Dupuit considérait les biens
économiques comme des combinaisons de caractéristiques d’utilité et
production. Cette approche le poussa à
concevoir un équilibre concurrentiel, en termes de prix complet, qui comprend les dimensions de la qualité du
produit ainsi que la considération des coûts de transaction au moment d’un
échange.
Dupuit
insista pour que les sciences économiques aient leurs prévisions réelles
de l’offre et la demande, et il lança, comme d’autres ingénieurs-économistes
éminents de ce temps (p. ex. Charles Ellet, Jr., Dionysius Lardner, et Alphonse
Belpaire) des études empiriques. C’est
ce qu’il fit, bien avant Galton, Edgeworth, Pearson, et Yule qui avaient établi
les bases de l’analyse économétrique.
Les premiers écrits de Dupuit sur l’économie renferment des indications
explicites à propos des estimations des segments linéaires de la courbe de la
demande (1844: 103). De plus, ses
études les plus récentes sur la nature régressive de la “taxe sur le tabac” (1859b:
143) et son analyse des statistiques de population et mortalité (1865b) ont
révélé le côté précis et constant du statisticien appliqué.
Dupuit
comprenait très bien que la mesure de l’utilité, et particulièrement son
expression monétaire, causait problème.
Il affirmait que l’économie politique devait faire appel à des mesures
monétaires. Cependant, il ajouta
que :
Dans l’analyse finale, elle
[utilité mesurée en termes monétaires] n’est pas une mesure rigoureuse de la
capacité qu’ont les choses de satisfaire les besoins des hommes; il devient
difficile de déterminer lequel des désirs est le plus important - celui de l’homme
riche, qui serait prêt à payer un million de francs pour un kilogramme de
pain, ou celui du mendiant, qui n’a
rien à offrir en échange et risquerait sa vie pour ce pain. En s’en tenant à des questions de santé,
l’économie politique peut mesurer l’intensité d’un besoin seulement par son
expression monétaire. Elle fait cuire
le pain pour ceux qui sont en mesure de le payer, et confie à l’économie
sociale le problème de le fournir à ceux qui ne peuvent offrir quoi que ce soit
en échange (1844: 49).[4]
En
termes pratiques, l’économie du bien-être de Dupuit entraîne la maximisation de
la somme des surplus des producteurs et des consommateurs. Si l’offre représente les coûts
d’opportunité véritables et entiers de l’utilisation des ressources, et la
demande représente la somme marginale des utilités (en dimension cardinale,
mesurée en argent) obtenue de la production d’un bien ou d’un service, alors la
maximisation de l’utilité publique est atteinte lorsque les marchés
concurrentiels établissent le prix d’équilibre et la quantité. Le résultat positif de cette analyse,
c’est-à-dire la réduction optimale de la perte en poids mort, surgit lors d’une distribution intertemporelle de
la concurrence sans entraves de la part des actes de cession de l’utilité
réduite des droits de propriété (tel que mentionnés plus loin) ou par des
restrictions artificielles de tout acabit.
Dupuit fut le premier écrivain à identifier l’intégrale géométrique
définie de la différence entre les coûts et la demande comme un mandat pour ce
maximand (v., Roy dans Boutet 1945: 11-12).
Bref, l’utilité publique (et le volume de l’échange commercial engendré
par sa création) procure un critère pour calibrer la prospérité et le progrès économique. Cependant, tous les marchés fonctionnent
dans la cadre des biens de propriété qui stimulent et guident le comportement
économique. Nous avons maintenant la
certitude que Dupuit, comprenait le rôle important des droits de propriété et
d’institutions similaires, dans l’édification d’un empire économique.
Une
série d’essais, révélant un profil plus personnel et contemporain de Dupuit,
avait été passée sous silence et a été récemment évaluée en détails (Ekelund
and Hebert 1999; Ekelund 2000). Malgré
preuve du contraire, Dupuit ne fut jamais acclamé comme scientifique holistique
ou intégrateur de la théorie, des institutions légales et de la politique
économique. Les articles qui en ont
fait état ont principalement été publiés dans le Journal des économistes
entre les années 1850 et 1865.[5] Dans ces journaux, et dans son livre de
1861, La Liberté commerciale, Dupuit se concentrait exclusivement sur
des questions économiques et devint “ l’économiste accompli ” qui
plaçait l’utilité au cœur de l’univers économique et la représentait comme la
force unificatrice derrière non seulement la théorie, mais la politique et les
institutions.[6] Bref, il croyait que l’économie pure et
simple était à la fois une science théorique et empirique; qu’elle devait être
universellement acceptée de cette façon (1863); que les institutions économiques et toutes les questions de
politique étaient traitables si l’on utilisait l’économie comme une
“ science positive ” (1861c: 113); et qu’un concept de l’utilité
empiriquement basé était le fondement de cette science. Loin de n’être qu’un simple généraliste de
chemin de fer ou un carotteur dans le domaine économique, Dupuit était un des
élèves les plus accomplis du début de l’époque néoclassique. Étant impossible
de présenter toutes les réalisations de Dupuit, le résumé qui suit relate que
celles liées au développement de sa théorie de la politique économique.
·
Dupuit fut le premier écrivain à unir une théorie
moderne de la valeur basée sur l’utilité marginale avec la stimulante gestion
des droits de propriété. Son point de
vue était à la fois théorique et empirique.
Pour des raisons empiriques, il a rejeté les droits naturels comme étant
la juste base appropriée des droits privés de propriété. À la place, il a soutenu que le but
principal de la société était la maximisation de l’utilité publique. Dans un tel monde il n’y a aucun
nirvana. Les droits de propriété
déterminaient la nature des ressources et établissaient des incitatifs et
contraintes personnels conformes au but de la maximisation de l’utilité
publique.
·
La théorie de la politique économique de Dupuit était fondée sur un
procédé de l’utilité qui tenait compte de tous les biens et services, aussi
bien économiques, que “sociaux”. Il
prétendait que les considérations économiques inspiraient les résultats des
marchés pour toute sorte de biens et services; des biens qui se recyclent ou
non et des ressources de propriété commune inclus. Cette perspective holistique affirmait que l’utilité était
produite dans les marchés implicites ainsi qu’explicites; et que
l’économie pouvait permettre d’analyser tous les marchés. Ces marchés comprenaient des productions
intellectuelles et artistiques, des prix et mentions, et tel que cité
précédemment, même un marché pour le mariage. Selon Dupuit, “c’est une
conception erronée de croire que l’homme attribue une valeur monétaire
seulement aux choses matérielles” (1853: 8).
Ces “biens”, ainsi que tous les autres, produisent l’utilité publique,
laquelle pourrait être ou non encouragée par l’implantation des droits de
propriété et primes.
·
Dupuit était persuadé et affirmait fermement que les institutions telles
que la loi et la législation évoluent dans le sens de la maximisation de
l’utilité publique. Ce point de vue,
mis de l’avant et débattu que récemment, reconnaît le rôle des groupes
intéressés au changement institutionnel.
De nos jours, on vise à dépeindre l’évolution de la loi et des autres
institutions de cette façon, et le traitement contemporain a mérité le
sobriquet de “la nouvelle économie institutionnelle”.
·
La base pour le paradigme de choix public se trouve aussi, non par
hasard, dans les derniers travaux de Dupuit.
L’exemple de Dupuit de “voter pour ses intérêts économiques” inspire la
version plus moderne du célèbre dicton de
Stigler (1971). De plus,
Dupuit a appliqué, à une variété de
situations de réglementation, la façon dont les tarifs et les règlements de
réduction d’utilité affectent les résultats politiques. Il a aussi déclaré que le virage des groupes
d’intérêts pertinents survient lorsque les coûts de réglementation ou ses
bénéfices qu’on ne peut s’approprier deviennent tellement grands que le régime
réglementaire change. Dupuit croyait
que les idées sont toujours remplacées par les intérêts des
concessions mutuelles du changement institutionnel. Si les bonnes idées viennent à prédominer la politique, c’est
parce que les intérêts habilitants se sont fondus avec ces dernières.
·
Finalement, Dupuit fut le premier économiste à comprendre parfaitement
la nature et le rôle de la technologie dans la dynamique des opérations de
marché. L’avancement de la théorie
“ scientifique ” était critique mais seulement comme point de
départ à la recherche sur le marché actuel. Tel qu’il mentionna aux économistes libéraux en 1853;
Dans
l’économie politique, des données imparfaites est ce qui exclu généralement une
solution complète; mais cet inconvénient ne rend que plus nécessaire de
connaître les règlements et les principes généraux qui sont à la base de toutes
les solutions. Ils peuvent, à eux
seuls, permettre d’enrichir nos connaissances, en indiquant ce qui nous manque
et, en conséquence, fournir l’argent nécessaire afin de trouver une solution si
possible, ou sinon d’en fournir une.
Comme en géométrie, . .
l’économie politique doit tirer son adresse et sa précision en pratique
des rigueurs analytiques de la science, puisque les données mises à notre
disposition sont souvent incomplètes et douteuses. (1853: 26-27).
Pour les raisons mentionnées
précédemment, nous croyons que Dupuit devrait se mériter une place plus
importante dans le panthéon des économistes de l’aube du vingtième siècle. Il
faisait partie d’une tradition continue de recherche intellectuelle à l’Ecole
des ponts et chaussées et, ainsi, son nom s’associe à celui de d’autres
ingénieurs qui ont testé les frontières de l’analyse économique formelle. Des personnes telles que Charles Ellet, Jr.,
Dionysius Lardner, Clement Colson, et Émile Cheysson font partie des listes des
premiers ingénieurs reconnus ayant contribué à l’économie. Cependant, les réalisations de ces auteurs
s’approchent le plus de celles de Augustin Cournot, l’illustre contemporain de
Dupuit. Ce dernier voyait l’économie
comme une branche de la mécanique rationnelle.
Dupuit prit un autre chemin, devenant finalement une autorité unique et
compétente dans le développement de l’économie du début du dix-neuvième siècle,
une matière qu’il conçut à la fois comme une science théorique et
appliquée. Il pensait comme un
économiste et était un économiste.
L’intégration de la théorie économique, les institutions légales et
politiques, et la politique économique sont la preuve de ce fait. Elles comportent l’essence du point de vue
moderne et la façon dont la santé et le bien-être sont créés et détruits dans
une interaction sans fin de liberté et de contrainte motivée par l’intérêt
personnel.
REFÉRENCES ET
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Économistes' and the Société D'Économie Politique," in Gilbert Faccarello
(ed.) Studies in the History of French Political Economy.. London:
Routledge.
Stigler, George J. (1971). “The Theory of Economic Regulation,” Bell
Journal of Economics and
Management Science, 2: 3-21.
[1] Dans un essai
publié en 1853 ("De l'utilité et de sa mesure--de l'utilité
publique"), synthèse de l’essai de
1844, Dupuit souligne le caractère général de l’économie et du calcul
économique. Il démontre tout d’abord un
calcul de l’utilité marginale de la demande pour le sel et crée ensuite
une courbe de la demande issue de ce besoin.
Dupuit ajoute, “Le calcul que nous avons effectué avec le sel aurait pu
s’appliquer à la viande, au pain, aux diamants et tout autre objet utile, pour
les produits difficiles à produire [avec coûts de matière de production], ainsi
que les produits que la nature nous offre gratuitement, pour la richesse
matérielle ou intellectuelle. .. . Si ce calcul de l’[utilité] montre par
exemple, que pour dédommager tous les membres de la Légion d’honneur pour la
perte de leurs décorations, il faudrait leur accorder un revenu de cent
millions [francs]. Ne serait-il pas
justifié de dire que l’institution équivaut pour la France à la richesse [qui
consiste] en un revenu de cent millions.? . . . L’utilité économique. . . est
fondé sur nos désirs qu’ils soient ou non raisonnables; elle voit les hommes
tels qu’ils sont, c’est la morale qui
nous enseigne la bonne façon d’être” (1853: 17).
[2] Ce fait est
détaillé dans Ekelund and Hébert (1999) où l’on y trouve aussi les points en
commun de Dupuit avec Marshall.
[3] De plus, il croyait que les
économistes avaient beaucoup trop débattu sur les perceptions de base, ce qui
engendra les deux conséquences suivantes: (1) causa la perte de confiance du
public envers l’économie en tant que science, et (2) enleva l’attention qui
devrait être portée aux champs d’application nécessaires et fertiles (1863:
238-239, 247). Les libéraux français
ont rejeté “ l’économie scientifique ” (la version de Cournot), mais
ils ont toutefois débattu avec Dupuit sur l’essence de l’économie politique
(voir, pour des exemples, 1861c; 1863c; 1863d). Des libéraux ont présenté des arguments appuyant leur méfiance de
“ l’économie scientifique ”. Une évaluation possible de la
perspective scientifique de Dupuit est qu’à la suite du coup de décembre 1851,
les ingénieurs étaient âprement au courant des dangers d’être devancés par les
politiciens qui (à tort ou à raison) auraient pu croire qu’ils avaient des
desseins sur l’établissement de la politique gouvernementale. En tant que politiciens-économistes, ils ne
voulaient surtout pas qu’on leur reproche les troubles économiques. Par surcroît, la méthodologie des libéraux
français était considérablement différente de celle de Cournot ou Dupuit.
[4] Les problèmes
de mesures ont été soulevés après la
publication des Principes de Marshall en 1890, mais ceux qui appuyèrent
l’approche de Dupuit continuèrent de soutenir que les recherches basées sur l’utilité ont des objectifs économiques
et non psychologiques. Bien que les
riches et les pauvres se différencient par leur façon de jouir de la valeur
monétaire d’un quelconque bien , “Ni l’homme riche ou pauvre aurait donné un
sou en échange de quelque chose qui n’égalerait pas la joie ou la satisfaction
de posséder cet argent.” (Leiben 1894: 717).
[5] Des 52
publications, entre 1850 et 1865, énumérées dans la collection de Bernardi de
1833 (ce qui est un sous-évaluation par rapport au total des publications
durant cette période), 39 portaient sur l’économie et seulement 13 (à seulement
20 pour cent) portaient sur l’ingénierie.
[6] Dans la
littérature anglaise ou internationale, il n’y a aucune référence à ces
douzaines de contributions institutionnelles de politiques de non-transport, à
l’exception de brèves mentions dans Ekelund (1967). L’analyse des droits de propriété de Dupuit est discutée
brièvement dans Mosca (1998). Des
références à plusieurs de ces articles ont été publiées dans Etner (1983) par
contre sans aucune analyse de leur importance.
Ces contributions sont énumérées dans une bibliographie incomplète des
travaux de Dupuit publiée en Italie en 1933 (Dupuit, Bernardi éditeur 1933:
219-224). Jusqu’à maintenant, seulement
deux des travaux de Dupuit (1844) et (une portion de 1849) ont été traduits en
anglais.